La question des inégalités resurgit avec acuité tant en termes de politiques sociales que dans le débat sociologique (Galland et Lemel, 2018 ; Savidan, 2018 ; Dubet, 2019). Si des chiffres alarmants sont mentionnés concernant l’enfance (Delahaye 2015 ; OCDE, 2016 ; Unicef, 2016 ; Zaouche Gaudron, 2017) sur la base d’indicateurs variables et construits souvent sur le modèle « adulte », les inégalités liées à cet âge de la vie ne font que rarement l’objet de discussions théoriques.
La reconnaissance de l’enfant comme une personne a constitué une première étape de reconnaissance des inégalités constitutives de la représentation des âges de la vie déjà mises en évidence par les historiens (Ariès, 1960 ; Becchi et Julia, 1998 ; Jablonka, 2010), reconnaissance marquée par la Convention Internationale des Droits de l’enfant, qui fêtera en 2019 ses 30 ans. Cette reconnaissance s’est traduite par l’apparition des Childhood Studies (James et Prout, 1990 ; Corsaro, 1997 ; Qvortrup, 2001) et la structuration progressive d’une sociologie et d’une anthropologie de l’enfance au niveau national et international (Sirota, 1998, 2006 ; Almeida, 2009 ; Octobre, Détrez, Mercklé, Berthomier, 2010 ; Buelher-Niderberger et Sirota, 2010 ; De Suremain et Bonnet, 2014 ; Bonnery, 2015 ; de Coninck-Smith, 2018).
Dans le même mouvement, l’investigation des inégalités au sein de cette classe d’âge a vu les recherches et les enquêtes se multiplier, pointant avec régularité l’existence d’inégalités économiques, sanitaires, culturelles, éducatives, scolaires, géographiques et mettant en évidence les conditions sociales de production, reproduction, accentuation ou de réduction de ces inégalités.
Les conceptualisations varient fortement, navigant entre approches disciplinaires, traditions nationales différentes et hybridations à géométrie variable, se conjuguant au fil de l’émergence des problématiques générales avec celle du handicap (Safford et Safford, 1996 ; Schneider, 2009), du genre (Belotti, 1973 ; Court 2010 ; Détrez 2015 ; Smith, Alexander and Campbell, 2017 ; Bartholomaeus et Riggs, 2017), des migrations (Bass, 2014 ; Hunner-Kreisel et Bohne, 2016) des discriminations ethno-raciales (Safi et Simon, 2013) et des dispositifs institutionnels (Neyrand et Fraïoli, 2008 ; Martin 2014 ; Geay, 2014 ; Bonnery 2015).
Cette multiplication des problématiques requiert une mise en débat renouvelée à la fois éthique (Hamelin Brabant, 2006), théorique ou méthodologique (Danic, Delalande, Rayou, 2006 ; Qvortrup, Corsaro, Honig, 2009 ; Diasio 2010 ; Garnier et Rayna, 2017 ; Amselle-Mainguy et Vuattoux, 2018), et fondée sur des travaux empiriques (ELFE), afin de préciser comment la question de l’enfance retravaille la problématique et, a contrario, comment la problématique retravaille la question de l’enfance.
Elle requiert également une discussion des liens et oppositions entre diversité et inégalité dès l’enfance. Est-ce que toute différence fait inégalité ? Quelle hiérarchisation implicite justifie une analyse en termes d’inégalités ?
Elle requiert une analyse intersectionnelle. En quoi y a-t-il superposition des facteurs d’inégalité ou combinaison des facteurs d’inégalité ?
Elle requiert enfin une analyse de la portée du passage récent aux analyses en termes de discriminations, en distinguant discriminations objectives et subjectives et en s’interrogeant sur les moyens de leur mesure dès le plus jeune âge.
L’enfance considérée ici correspond aux termes de la Convention des Droits de l’enfant (0-18 ans). On s’intéressera donc à la construction des inégalités de la petite enfance à la jeunesse en passant par l’enfance, la pré-adolescence et l’adolescence, quelles que soient les dénominations et les bornes d’âges retenues pour ces étapes (qui constituent en elles-mêmes un sujet de débat).
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